Entretien d’embauche en vidéo : « Gare à la décontraction ! »
Canapé ou cuisine ? En cravate ou en tee-shirt ? Et comment marche la caméra de l’ordinateur ?! Gare aux pièges de l’entretien d’embauche en visioconférence. La visioconférence et autres réunions par vidéo interposée gagnent du terrain, y compris pour les entretiens d’embauche. Ceux-ci ne doivent pas être abordés avec plus de désinvolture qu’en face à face. Directrice du cabinet de recrutement Parcours & Sens, Anne-Sophie de Larauze nous livre ses conseils pour bien préparer et réussir l’exercice.
Les entretiens vidéo vont-ils se généraliser ?
Se généraliser, non. Mais sans doute se banaliser. Avec le confinement lié au covid 19, beaucoup de recruteurs se sont essayés aux entretiens vidéo. Et certains avaient même déjà testé ce mode opératoire auparavant, lors du long conflit sur la réforme des retraites. Ces expérimentations un peu forcées ont donné des résultats plutôt satisfaisants. Il y a donc fort à parier que les recruteurs y auront de plus en plus recours.
Comment évaluer un candidat sans le recevoir ?
En visioconférence, il y a des choses qu’on ne voit pas. Le candidat est davantage figé, il y a des traits de caractère et des attitudes qu’on ne peut pas observer. Mais dans un entretien, on parle d’abord du poste, du parcours professionnel, du projet. Ce qu’on peut parfaitement faire à travers un ordinateur. Lors de la première phase de sélection des candidats, il est donc tout à fait envisageable de s’en tenir à des entretiens vidéo. En revanche, pour le choix final, on continuera à privilégier le face-à-face.
A quoi le candidat doit-il veiller ?
A conserver le caractère strictement professionnel de l’échange. Quand on est chez soi, on a tendance à se relâcher, à être un peu trop détendu. Or on n’est pas dans le cadre d’une conversation amicale ! Le candidat doit donc veiller à se mettre dans les conditions réelles d’un entretien d’embauche. Il doit préparer les échanges, avoir son CV sous les yeux, soigner sa tenue vestimentaire. Mais aussi penser à ce qu’il laisse transparaître à l’écran. Etre bien assis, c’est mieux qu’avachi dans le canapé. Un mur neutre derrière soi, c’est mieux aussi qu’un frigidaire plein de magnets.
Que peut révéler une visioconférence ?
L’agilité à utiliser les outils numériques. Lorsque le candidat se connecte, on voit tout de suite s’il sait lancer l’application de visioconférence, régler le micro, mettre de la lumière, se placer par rapport à la caméra. L’aisance dont vous faites preuve va marquer positivement ou négativement le début de l’entretien. En la matière, pensez d’ailleurs à évaluer votre connexion Internet dans la pièce où vous vous trouvez, avec une application comme nPerf ou Speed test, par exemple. En visio, il faut un débit d’au moins 5 Mbps.
Et si on a du mal avec le numérique, c’est rédhibitoire ?
Non, sauf si vous postulez comme directeur des systèmes d’information ! Malgré tout, le candidat a toujours intérêt à réussir son entrée en scène. Celui qui veut se présenter comme un dirigeant moderne, en phase avec les évolutions technologiques, ne met pas toutes les chances de son côté s’il passe les 15 premières minutes à bidouiller son ordinateur… Si vous n’êtes pas très à l’aise avec l’outil informatique, n’attendez pas la dernière seconde pour rejoindre la visioconférence. Prévoyez d’avoir quelques minutes d’avance… comme pour un entretien en présentiel !
Interview, Juin 2020,
Stéphane Béchaux, Journaliste spécialisé